30 heures avec Sir Paul

Marc-André Sabourin

Le Soleil

Québec

Toucher Paul McCartney? Des fans vendraient leur mère pour avoir cette chance. Le chauffeur André Ouellet n’a pas eu à faire ce sacrifice. Samedi et dimanche, Sir Paul lui a régulièrement mis la main sur l’épaule avant de dire : «Ralentis, André, on arrête la voiture ici.»

En tant que conducteur pour le Festival d’été, André Ouellet a rencontré son lot de vedettes. Cet été seulement, il a conduit Eddie Van Halen, le groupe Linkin Park, Wyclef Jean et les musiciens de Charles Aznavour. Lorsqu’on lui a offert de travailler sur le cas McCartney, il n’a pas hésité. «J’ai tout de suite dit oui.»

Comme tous ceux qui l’ont côtoyé, le chauffeur a été charmé par l’ex-Beatle. «C’est un véritable semeur de bonheur. Toujours poli, jamais impatient, il me posait souvent des questions sur la ville ou il me demandait de m’arrêter pour saluer les gens.»

Les Québécois ont apprécié le passage du chanteur dans les rues de la ville. «Partout où on allait, le monde criait, applaudissait, c’était la folie. Paul adorait ça. Une fois, on s’est arrêtés et des gens faisaient des signes de la main sans oser s’approcher. Paul leur a crié : “Give me skin, give me skin”. Il aime la chaleur humaine, il voulait entrer en contact avec ses fans.»

Deux femmes ont raté une chance en or lorsque la Lexus rouge conduite par André Ouellet s’est arrêtée à leur hauteur à un feu rouge. «Elles ont voulu prendre une photo avec Paul, mais les piles de leur caméra étaient mortes. Le temps qu’elles les changent, le feu a viré au vert et j’ai dû repartir.»

Si Paul McCartney aimait les bains de foule, il en allait tout autrement des services de sécurité. «Ils n’arrêtaient pas de me dire que je ne roulais pas assez vite, raconte André Ouellet. Je leur ai dit : “Écoutez, vous êtes peut-être responsable de la sécurité, mais mon boss à moi, il est sur la banquette arrière et il veut que je conduise lentement.”»

Trois gardes du corps

André Ouellet a été surpris par le dispositif de sécurité. «Tout le monde disait qu’il était imposant, mais en réalité, il n’y avait que trois gardes rapprochés.» Aucun d’entre eux ne voyageait dans le véhicule. «Paul n’est pas du genre à s’entourer de gorilles. Seuls sa conjointe et son majordome étaient avec nous. Un garde roulait en avant, un autre en arrière et un troisième restait en dehors du cortège pour pouvoir intervenir rapidement.»

Selon le chauffeur, la petite escouade de sécurité était très efficace. «On voyait que c’était des professionnels. Leur petite équipe attirait moins l’attention.»

Malgré tout, le cortège de véhicules ne passait jamais inaperçu. «Quand est venu le temps d’aller déposer Paul pour son spectacle, j’ai emprunté la côte Gilmour pour me rendre sur les plaines d’Abraham. Même là, il y avait une foule immense. J’étais tellement stressé. J’avais peur d’écraser une personne.»

Aucun incident n’est survenu. Les gardes du corps ont d’ailleurs félicité le chauffeur. «Ils ont dit que j’étais un pro.»

Maintenant que Sir Paul est reparti, André Ouellet est dans une véritable bulle. «Je trouve ça étrange que les gens n’applaudissent plus quand je roule», rigole-t-il. Après 30 heures passées en compagnie de Paul McCartney, le chauffeur n’a qu’un seul regret. «Je n’ai aucune photo avec lui. Quand j’ai accepté le contrat, on m’a dit clairement que si j’agissais en groupie, on allait me mettre avec les groupies.»

Ding, dong!, c’est Paul McCartney!

Lorsque Paul McCartney veut faire du vélo, rien ne l’arrête, surtout pas une guérite de stationnement.

«Dimanche matin, Paul voulait aller faire de la bicyclette sur les plaines d’Abraham, raconte son chauffeur, André Ouellet. Lorsqu’on est arrivés à l’entrée de service du Musée national des beaux-arts, la barrière ne s’ouvrait pas.»

Loin de se laisser débouter, le chanteur britannique a appuyé lui-même sur le bouton de l’intercom. «Bonjour, je suis Paul McCartney. Pourriez-vous s’il vous plaît m’ouvrir la barrière?»

«Ça n’a pas pris trois secondes qu’elle était ouverte», rigole André Ouellet. Curieux de voir qui leur avait joué un tour, deux agents de sécurité sont sortis à la course du Musée. «Lorsqu’ils ont vu que c’était vraiment Paul McCartney, ils ont figé.» Pendant que le chauffeur sortait les vélos, ils ont continué à fixer la vedette, ébahis.

Vélo sur les plaines

Paul McCartney et sa conjointe ont ensuite profité de la matinée pour rouler sur les Plaines pendant 45 minutes, à quelques centaines de mètres des milliers de fans qui patientaient sagement pour voir son spectacle.

Ce chauffeur abonde dans le même sens que tous ceux qui l'ont rencontré, aimable, curieux et proche de ses fans!

You rock Paul!