District 9 - Le coup de coeur d'Eric Besson

Il y a 28 ans, un vaisseau spatial s’immobilise au-dessus de Johannesburg. On sait pas trop pourquoi en fait, panne d’essence ou de GPS, toujours est-il que des millions d’aliens se retrouvent un peu loin de chez eux, épuisés, souffrant de malnutrition et qu’il faut bien les loger quelque part. La terre, planète accueillante, leur offre un coin en banlieue de Joburg pour qu’ils s’installent. 20 ans se passent et la cohabitation devient difficile. On le sait : l’alien est voleur et sale, il se livre au trafic d’objet volé, fouille dans les poubelles, ces gens là ne vivent vraiment pas comme nous. Le Multi National United (MNU), ONG pachydermique chargée des relations Humains-Aliens est mise en place. Au passage, la MNU se livre un peu à l’étude des armes extra-terrestres, des fois que l’on puisse se faire un peu de pognon en parallèle, exploite les « crevettes » (nom donné aux Aliens) et laisse le township aux mains de la mafia nigérienne. Au début du film le MNU décide donc d’expulser les crevettes de D-9 pour les envoyer sur D-10 à deux cents bornes de Joburg. Le tout présenté sous forme d’interviews de spécialistes (sociologues, scientifiques), d’images d’archives et de reportages donnant à l’ensemble un côté propagandiste. La mission est confié à Markus, fonctionnaire dont l’absence de reflexion égale le zèle dont il fait preuve pour accomplir sa rude tâche et qui révèlera sa vraie nature en incendiant une baraque servant de couveuse. On le voit ainsi une bonne vingtaine de minutes tenter de faire signer aux aliens leur avis d’expulsion, scène méritant à elle seule le déplacement. En résumé l’expulsion se passera mal, je ne dévoilerai pas l’intrigue mais Markus sera rejeté par les siens et trouvera la rédemption en aidant les « prawns ».

Film hautement intéressant car il peut être vu à plusieurs niveaux. D’abord pour les fans de SF, c’est de la SF pure et dure, film d’action et les scènes de combats sont plutôt bien menées (notons un hommage, dans le traitement de l’action, à Halo Landfall pour les fans de jeux vidéos – ce que je ne suis pas d’ailleurs). Puis en y regardant mieux on voit que ce film rapidement catalogué « grand spectacle » regorge d’allusions aux travers et dérives de notre époque. Volontairement le film se passe en Afrique du Sud et l’on songe bien sûr à l’Apartheid, aux camps de réfugiés… le Darfour, Dadaab, les Favelas, les Kurdes en Irak et Turquie et la « jungle » de Calais… Traitement par des administrations incompétentes, aux intérêts divergents, et une armée très efficace, déplacement des problèmes et des populations, haine raciale, on n’est plus dans l’anticipation…


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